Philippe Pignarre, Être anticapitaliste aujourd'hui. Les défis du NPA, Paris, La Découverte , 2009, 182 p. (Cahiers libres).

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Organisations, Trotskysme

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Queue de comète de la petite vague de parutions consacrées au NPA et à Olivier Besancenot (voir l'article bibliographique sur ce site), l'opuscule de Philippe Pignarre, là où l'ouvrage de Coustal raconte la construction en pratique du NPA, constitue la justification plus théorique de l'entreprise. D'emblée, l'auteur revendique son engagement passé -il fut militant de la LCR de 1971 au milieu des années 1980-, son livre étant même dédié à François Sabado, et justifie cette empathie en égratignant au passage d'une note certains « « spécialistes universitaires » de l'extrême gauche [qui] haïssent souvent leur sujet d'étude ! On a le droit de penser que ce n'est pas le meilleur dispositif de pensée » (p. 38).

Son objectif, comprendre le phénomène NPA, débute par un retour sur l'histoire que l'on se permettra de trouver un peu rapide et assez peu référencée relativement aux travaux de recherche récents (on pense en particulier à la thèse de Jean-Paul Salles, ou celle de Stéphanie Rizet, jamais cités) ; de même, son idée de trois générations militantes s'étant succédées depuis Trotsky semble pour le moins raccourcie... Partant du constat d'un glissement politique général à droite postérieurement aux événements de 1989, il voit avec justesse derrière le NPA plus qu'un simple effet Besancenot, et considère comme justifié une délimitation stricte du Parti socialiste et de ses alliés. Il critique en ce sens la minorité de la LCR quant à la possibilité d'agréger des courants du PS ou du PCF, et salue la dissolution de la LCR comme une preuve de courage et d'honnêteté.

En fait, son propre parcours semble lui servir à éclairer ce qu'il diagnostique comme une évolution positive de son ancienne organisation militante. Ayant abandonné son sectarisme politique au profit d'un souci plus fin des « détails », sous l'influence des analyses de Foucault et de sa propre expérience professionnelle dans le milieu pharmaceutique, il semble convaincu de l'importance d'un relâchement plus général de l'emprise du passé chez les trotskystes. Ainsi, il insiste sur les contorsionnements des trotskystes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour plier la théorie de la révolution permanente aux nouvelles réalités, y voyant une grille de lecture désormais inadaptée, tout comme la notion d'avant-garde1.

Une opération plutôt radicale d'aggiornamento, seule alternative selon lui au sectarisme (une vision quelque peu réductrice), qu'il accompagne des apports à ses yeux éminemment positifs du mouvement altermondialiste. La principale force du NPA, à le suivre, est ainsi de pouvoir mêler militants révolutionnaires traditionnels, garants de la forme parti, et activistes anticapitalistes davantage portés sur les expérimentations diverses et l'empirisme, gages d'un nouveau programme largement ouvert, tandis que la dynamique centrale du même NPA serait d'essayer de construire un « tous ensemble » au sein duquel les questions comme le féminisme ou l'écologie risqueraient d'ailleurs d'être marginalisées. Dans cette optique, Pignarre attribue les responsabilités majeures aux révolutionnaires, de par leur expérience de la démocratie en particulier… Une analyse personnelle du phénomène NPA, à voir comme une pièce apportée pour une discussion plus large.

Notes

1 « La révolution reprend son statut normal : c'est ce dont on ne peut pas faire la théorie, ce qui reste du domaine de l'imprévisible (…) » , p.78 : dans une telle optique, on pourrait presque se laisser aller à parler d'un acte de foi… Retour au texte

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Référence électronique

Jean-Guillaume Lanuque, « Philippe Pignarre, Être anticapitaliste aujourd'hui. Les défis du NPA, Paris, La Découverte , 2009, 182 p. (Cahiers libres). », Dissidences [En ligne], 2 | 2011, . URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=193

Auteur

Jean-Guillaume Lanuque

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