Florence Johsua, La dynamique militante à l'extrême-gauche : le cas de la Ligue Communiste Révolutionnaire, DEA de sociologie politique, IEP Paris, sept. 2003, ss dir. Nonna Mayer, 128 p. + annexes

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Mots-clés

Trotskysme

Texte

Avec ce travail de F. Johsua, on dispose d'une proposition d'approche des plus stimulante qu'il nous ait été donné de lire sur un groupement d'extrême-gauche. Ce mémoire, en deux parties assez inégales dans leurs développements, se propose d'analyser la manière dont se construit le militantisme dans cet espace politique marginal qu'est l'extrême-gauche. La première partie s'intéresse à l'offre politique. Après un bref rappel de l'histoire de la LCR (on regrettera que l'auteure n'ait pas pris la peine de prendre connaissance de l'importante littérature grise sur la question), Johsua s'intéresse à l'implantation partisane sur le territoire national. Son hypothèse est qu'il existe un lien entre les résultats électoraux de la LCR et les caractéristiques sociologiques des territoires. Lesquelles ? Première idée : la LCR est forte là où existent des structures de rémanences, des réseaux militants sur lesquels elle peut appuyer son action. Cela vaut au lecteur une analyse parallèle de l'implantation des collectifs Ras le Front et de la LCR. Second constat, l'implantation de la LCR correspond à des zones urbaines où des clientèles potentielles peuvent être mobilisées (jeunes, catégories moyennes et supérieures).Enfin, dernier aspect, il existerait une variable de type historique et culturel. Pour ce faire, elle s'appuie sur la carte électorale du PSU. Ce dernier aspect mériterait un traitement plus fin, puisqu'on ne saurait résumer l'extrême-gauche à la LCR et qu'il serait nécessaire d'y inclure les autres composantes présentes (LO, PT, libertaires) ou passées (maoïstes par ex. ou RDR jadis).La seconde partie bénéficie de l'apport de l'analyse des cartes de membres dont sont munis les " liguards " depuis 2003. A partir de ce matériau inédit Johsua montre que la LCR présente un profil socio-démographique très spécifique par rapport aux partis de gauche. Enfin, elle a procédé à une série d'interviews dans une cellule parisienne de la LCR. De nombreuses hypothèses se dégagent de ce recueil d'entretiens. On retiendra l'idée du clivage générationnel entre les plus anciens adhérents et les nouveaux venus quant à la stratégie politique ou encore des profils militants distincts entre ceux-celles qui mettent en avant la justice sociale et ceux-celles qui justifient leur engagement par une approche plus mouvementiste. Si l'auteure s'appuie sur une solide tradition de sociologie politique et a bénéficié d'évidents soutiens pour l'accès aux sources, son travail n'en demeure pas moins problématique par plusieurs aspects. La comparaison envisagée avec LO ne tient pas la route ; la tendance à réduire le champ de l'extrême-gauche à la LCR n'est pas satisfaisante ; la caractérisation des territoires politiques par des données macro-sociologiques soulève plus de problèmes qu'elle n'en résout. Ce sont quelques uns des points faibles soulevés par ce travail dont on espère qu'ils seront résolus lors de la thèse espérée et attendue.

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Référence électronique

Georges Ubbiali, « Florence Johsua, La dynamique militante à l'extrême-gauche : le cas de la Ligue Communiste Révolutionnaire, DEA de sociologie politique, IEP Paris, sept. 2003, ss dir. Nonna Mayer, 128 p. + annexes », Dissidences [En ligne], 2 | 2011, . URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=180

Auteur

Georges Ubbiali

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